Dimanche 20 décembre

LES BERGERS

Les bergers de la nuit de noël
Serge Fiorio

 Les bergers qui sont-ils ? (Luc 2,1-20)

Qui étaient ces bergers ? Étaient-ils des personnages importants de la cour du roi Hérode ? Etaient-ils de riches propriétaires terriens des contrées de Bethléem ? Etaient-ils des gens lettrés, des membres du clergé juif d’alors ? Etaient-ils des hôteliers si antipathiques et égoïstes du petit village de Bethléem ? Étaient-ils des marchands de divers produits sur le souk de Bethléem ? (…)  Non, bien sûr ! Mais alors, qui étaient-ils ? (…) Aux yeux des gens de cette époque, et particulièrement des personnes religieuses juives, les bergers étaient des magouilleurs, des filous, des gens qui confondaient les mots « mien et tien » quand ils voyageaient dans le pays, des gens dédaignés par la classe des prêtres et des pharisiens, et appelés péjorativement « Am Ha’aretz » ( les gens de la campagne ), des gens exclus du monde à venir car ils n’avaient pas la possibilité de bien accomplir la loi, des gens considérés comme non-fiables et interdits de donner un témoignage dans les procès des tribunaux. Les bergers étaient donc des basses gens, des marginalisés, des rejetés, souvent traités de voleurs, des antinomistes. 

La joie simple des bergers (Van der Goes)

Les bergers étaient des hommes frustes, ils nous rappellent que c’est dans notre pauvreté intérieure que Dieu nous attend. Placer des bergers dans votre crèche, c’est entrer dans l’univers de Luc (2,1-21). C’est partir pour Bethléem, petite ville de Judée, « à l’époque où Quirinius était gouverneur de Syrie ». Mais c’est aussi aller là où se rencontrent le local et l’universel (les « bergers qui vivaient aux champs », et « tout le peuple », le ciel et la terre (les anges et les bergers), la force et la faiblesse (César Auguste et un nouveau-né emmailloté et couché dans (…).  C’est donc à ce genre de personnages, des bergers de moutons destinés aux sacrifices dans le Temple, que Dieu – par l’intermédiaire de son ange – vient annoncer pour la première fois la naissance de son Fils ? (…) – Eh oui, mes frères et sœurs ! Pourquoi ? (…) – Eh bien parce que ces bergers représentent le type même de l’homme pécheur, qui ne peut pas se suffire à lui-même en accomplissant la Loi (rappelons-nous : ils ne pouvaient pas, de par leur métier, aller au Temple et offrir des sacrifices). Ils représentent le type d’ homme qui a besoin d’un Sauveur, qui est le Christ, le Seigneur. 

Adoration des bergers – 1609
Le Caravage

Les bergers, juste parce qu’ils ont vu un bébé nouveau-né dans une crèche ! Incroyable ! C’est cela, la révélation de Dieu, il change l’ordinaire (un bébé nouveau-né) en extraordinaire (ce nouveau-né est le Fils de Dieu). Dieu désire dynamiser notre vie pour Lui, il désire nous mettre en mouvement. La foi n’est pas statique, mais dynamique, elle fait bouger, elle transforme notre paresse, notre mollesse, notre tiédeur, en action, en enthousiasme, en chaleur. La réponse exemplaire des bergers était la foi, puis l’obéissance, ceci avant l’enthousiasme et le dynamisme de la louange à Dieu et d’annonce de la Bonne Nouvelle partout. Suivons la trace de ces bergers en ce Noël 2020.

P. Jocelin