Ces premiers jours de février nous font entrevoir le temps du Carême, quarante jours au cours desquels les chrétiens se préparent à revivre la pâque du Christ, son combat victorieux contre le mal et la mort. Quel sens peut avoir notre carême en cette période où l’humanité est elle-même engagée dans un combat contre une épidémie qui provoque la mort ? Nos âmes ne sont-elles pas aussi aujourd’hui en souffrance ? Le combat est aujourd’hui un combat spirituel. Si nous jeûnions…

Je voudrais vous partager le témoignage de paroissiens de Paluds de Noves qui pratiquent le jeûne depuis plus de 10 ans pendant le carême. L’idée est simple : chercher au moins douze volontaires pour jeûner d’un repas un jour par semaine. Le dimanche n’étant pas jour de jeûne, restent six jours, douze repas. Les douze forment une petite fraternité, un lien très fort s’établit entre eux et les rendent plus forts. Ils s’organisent, se répartissent les jours et recueillent les intentions de prière des paroissiens pour faire de leur jeûne une prière. J’ai trouvé cette idée simple et magnifique, c’est pourquoi je vous la partage. Et si vous aussi, vous jeûniez… Parlez-en autour de vous, formez une petite fraternité, jeûnez et priez. Cultivez l’amour fraternel et prenez soin de vos âmes. Relié à la prière et au partage, le jeûne fortifie l’âme. Vécu en communion avec le Christ, le jeûne ouvre le cœur à la tendresse et à la divine miséricorde. Rempli de notre amour fraternel, le jeûne nous offre la consolation et nous apaise.

Jeûnant quarante jours et quarante nuits, Moïse intercédait ainsi auprès de Dieu : « Seigneur, ne détruis pas ton peuple. Ne regarde pas sa méchanceté ni son péché. Souviens-toi de tes serviteurs » (Dt 9,26-27). Jésus lui-même resta quarante jours dans le désert, tenté par Satan. En Jésus, Dieu est venu affronter le mal. Nous reconnaissons en Lui la puissance de l’éternel Amour qui a vaincu la mort. Jeûnant et priant, solidaires de toute l’humanité dans l’épreuve, faisons monter vers le Père notre cri : « Dieu notre Père, délivre-nous du mal ».

+ Mgr Christophe DUFOUR

Archevêque d’Aix et Arles