Ô vous, qui passez par le chemin, considérez et voyez s’il est douleur pareille à ma douleur ! (Lm 1, 12)
Elle est là, présente, comme à chaque fois.
Peut-être que personne ne la voit…
Mais comme à chaque moment important, Marie vit à l’Heure de son Fils.
Elle a vécu sa venue, sa naissance, sa première manifestation aux nations, son premier voyage, son premier pèlerinage, son premier miracle et son entrée dans la vie publique, elle a toujours été là, conservant et méditant tout dans son cœur, dans le silence de la foi. Et maintenant, elle est là, à l’heure du sacrifice.
« Un glaive de douleur transpercera ton cœur »…
Elle se souvient et elle comprend.
Comme son Fils, le visage sali par les crachats, le sang et la poussière, elle est là, le regard terni et le visage balafré par les larmes et la douleur.
Comme son Fils face aux accusateurs, elle ne dit rien… pourtant elle sait qu’Il est bien le Fils du Père.
Pas de paroles, alors qu’elle serait après Lui, la plus habilité à crier la vérité.
Pas de cris, mais une douleur extrême : celle de voir son fils, le Maitre de la Vie, marcher à la mort.
Pas d’éclat de voix, mais un éclat du cœur : ses entrailles se serrent, son corps se tend et se tord.
Elle connaît l’issue de l’histoire, sans la savoir, elle la pressent, et elle se tient dans la foi.
Elle ne se révolte pas, elle ne Lui arrache pas la croix, puisqu’avec Lui, en son cœur, elle s’abandonne et accepte cette croix, la souffrance et le supplice.
Elle offre une nouvelle fois ce Fils et s’offre avec Lui.
Entre eux deux, un échange rapide : l’intimité et l’éternité de Dieu.
Ce n’est pas seulement l’affection maternelle, la plus haute expression de l’amour humain.
Dans ses deux regards, c’est l’absolu de Dieu !
Le regard de l’amour rencontre le regard de la compassion.
Les deux cœurs sont à l’unisson et prennent la douleur l’un de l’autre, pour trouver la force de continuer, d’avancer et de monter ensemble ce calvaire.
Douleur et Force, extrême souffrance et extrême courage.
Pour souffrir la mort dans le corps et la mort dans l’âme, le Fils et la Mère marchent sur le même chemin, celui de la volonté du Père.
Lui, qui l’avait animée, dans son corps ; elle, qui lui a donné sa chair, dans son âme.
« Qu’il me soit fait selon ta parole » disais la Mère à l’Annonciation,
« Non pas ma volonté mais ta Volonté » réponds le Fils en sa Passion.
En cette heure singulière, le Fils et la Mère disent tous les deux « OUI » au céleste Père !
O Marie, sur mon chemin de vie, et au cœur de mes souffrances, viens avec ton Fils, pour remplir mon cœur de paix et d’assurance !